Avril 1835

Une journée comme les autres. Le temps était doux, et les nobles sortaient pour se promener, soulagés que l'hiver soit enfin terminé. C'était le printemps, et les températures devenaient de plus en plus agréables au fil des jours. L'Angleterre, malgré l'absence prolongée de la Princesse Wingswar – cela faisait six mois qu'elle était captive à Dijon – voulait profiter un tant soit peu de cette fraicheur et de ce début de saison.

Ҩ La flèche, le cœur : toujours une histoire d'amour ? Ҩ

Une journée comme les autres, donc, en Angleterre. Comme chaque printemps, Alexandre of Wingswar partit chasser avec toute sa suite. Il emmena son fils Edward avec lui, comme il le faisait depuis quelques années déjà. C'était donc une partie de chasse ordinaire, annuelle et tout ce qu'il y avait de plus trivial. Ou plutôt, ça aurait dû l'être... Il suffit d'un coup, une flèche sifflant à travers les feuillages verts et doucement remués par le vent. Un seul coup en plein dans le cœur, la cible idéale. La cible qui n'aurait jamais dû l'être, et qui, par un fatal coup du sort, l'acharnement du destin, scella sans aucun doute l'avenir de l'Europe... Il y avait du sang, des cris. Quelques secondes plus tard, Edward retrouva son père feu le Roi étendu au sol, mort, à jamais éteint. Le Roi était mort, vive le Roi.

Ҩ Le feu aux poudres Ҩ

Après cet évènement tragique, tout s'enchaîna d'autant plus vite. Des lettres furent envoyées dans tout le royaume, et même au-delà de ses frontières. En France, l'on cria dans tous les coins que le Roi Alexandre of Wingswar était enfin décédé, que le sort avait joué en faveur des victimes. Certains affirmaient même que c'était un partisan des Montpensier qui avait orchestré cela afin de se venger. Lorsque la lettre parvint à la Princesse Olympe, celle-ci fût effondrée par la nouvelle. Elle supplia l'Empereur de la laisser se rendre à l'enterrement de son défunt père, mais il refusa malgré les cautions qu'elle pouvait lui donner : elle serait revenue en France sans tarder, en bonne prisonnière. Elle aurait supporté le cachot afin de pouvoir lui dire adieu. Il n'entendit rien à cela et la fit d'autant plus surveiller. L'enterrement se passa sans elle. Le couronnement de son frère ainé, Edward, également. L'incident diplomatique était trop grave pour être ignoré, et la colère du jeune Roi ne faisait rien pour arranger cela.

L'armée, déjà sous tension depuis des mois, fut enfin mobilisée dans le but d'attaquer. Edward n'était pas encore aussi stratège que son père, et il n'avait sans doute pas sa patience. La guerre fut alors déclarée !

Ҩ France, Terre de pouvoir Ҩ

Entre temps, en France, Seth et Jeanne de Montpensier furent couronnés Roi et Reine de Prusse. L'Empereur devint également Archiduc d'Autriche ainsi que Roi de Pologne, suite à la mort de William. Ce dernier fut en réalité empoisonné par sa femme, Marie Sforza, aidée de son amie Jeanne de Montpensier. Marie ne tarda pas à se suicider, regrettant certainement son geste allant à l'encontre de sa foi chrétienne.
Le pouvoir des français s'était élargit à toute vitesse grâce à ces nouveaux titres, et c'est avec une armée jamais encore rassemblée que Seth Ie partit au combat, laissant la régence de son pays à sa femme, enceinte de quelques mois.

Ҩ Puisqu'il faut mourir un jour... Ҩ

Dans quelques jours, les deux armées se rencontreront. Les armes s'entrechoqueront, le sang coulera et se mélangera, les corps tomberont, vidés de toute substance vitale. Ce sera un véritable carnage, pire que les conflits précédents. Les deux camps n'ont jamais encore, de toute l'histoire, été aussi puissants, et aussi près de détruire le monde... Des innocents mourront, et pour quoi ? Pour l'honneur de deux grandes familles qui s'affrontent depuis des siècles et qui ne peuvent oublier leurs rancunes.

Et s'il n'y avait que les combats d'hommes sans scrupules et avides de pouvoir ! Mais non, le sort est bien décidé à s'acharner encore et encore contre l'Europe tout entière. En commençant par la France, cela va de soi... Le fléau, la catastrophe, l'apocalypse, la fin de tout. On ne lui échappe pas, on ne la repousse pas, on ne lui survit pas. Elle nous prend et nous fait souffrir. La douleur est interminable et inévitable. Elle dure des heures, des jours, des semaines. Elle fait bien plus de dégâts encore que deux armées lancées l'une contre l'autre. Et le pire, l'apothéose, c'est que personne n'est à l'abri... Le mendiant, le marchant, le bourgeois, le noble, le prince, tous sont logés à la même enseigne. Elle ravage tout sur son passage, et les survivants n'ont plus d'autre choix que de pleurer les disparus. De qui s'agit-il, demandez-vous ? De quoi s'agit-il, plutôt. Elle, la meurtrière insaisissable, la Peste...

Deux fronts, deux guerres à mener : l'une contre l'Homme, l'autre contre le Destin régi par la nature ! Qui l'emportera ? Ceux qui ont voulu se prendre pour des Dieux se rendront-ils enfin compte que, plus l'on est haut dans le ciel, plus la chute est dure et blesse ? Combien de vies seront perdues avant d'atteindre le sol ?